Pouvez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a amené à travailler dans le monde des chevaux ?
Je ne viens pas d’une famille du milieu équestre, mais j’ai toujours été passionné par les chevaux. Très jeune, j’ai travaillé dans différentes écuries avant de commencer au Haras de la Roche-sur-Yon en tant qu’auxiliaire de monte. Ensuite, j’ai passé un concours pour intégrer les Haras Nationaux et j’ai été affecté à Compiègne pendant cinq ans. J’ai également travaillé en Mayenne sur la récolte des chevaux de trait et dans différentes stations de monte. Toutes ces expériences m’ont permis de développer une expertise variée allant des soins aux chevaux à la gestion administrative.
Quelles sont aujourd’hui les principales missions du Haras du Lion ?
Le Haras du Lion est dédié à la reproduction des chevaux de course, qu’ils soient pur-sang ou trotteurs. Nous assurons environ 50 poulinages par an et accompagnons les éleveurs dans le choix des croisements et le suivi des jeunes chevaux.
Combien de personnes y travaillent au quotidien et quels sont leurs rôles ?
En pleine saison, nous sommes six à assurer le bon fonctionnement du haras. Chacun a ses missions spécifiques : reproduction, soins aux chevaux, entretien des infrastructures, relation avec les propriétaires… Cependant, il y a beaucoup d’entraide entre les différents postes. Nous travaillons tous ensemble pour nous adapter aux besoins des chevaux et aux impératifs du haras.
Combien de chevaux sont actuellement présents au haras ?
Nous avons six étalons reproducteurs et accueillons entre 10 et 80 juments selon la période de l’année.
Chaque étalon a un profil et un palmarès impressionnants. Nous avons cette année :
- CASTLE DU BERLAIS (Saint des Saints) – 2 fois vainqueur du Prix Roger de Minvielle à 3 ans
- CLOVIS DU BERLAIS (King’s Theatre) – 2 fois gagnant à Auteuil, en haies à 3 ans, et en steeple à 5 ans
- HUNTER’S LIGHT (Dubawi) – A gagné de 3 ans à 7 ans, trois fois au niveau Gr.1: dans le Jebbel Hatta et le Premio Roma sur gazon
- GARY DU CHENET (Martaline) – A gagné à 3 ans le Prix de Saint-Raphael, ainsi que le Prix Gelas à 4 ans
Nous accueillons aussi deux nouveaux étalons :
- MENDOCINO, fils du grand Adlerflug et vainqueur de Gr.1 en Allemagne
- LAVELLO, a gagné à ses 2 ans le 1600 m à Baden-Baden, puis au printemps de ses 3 ans, dans le Bavarian Classic
La saison des naissances est toujours un moment clé dans un haras. À quelle période naîtront les prochains poulains ?
Les premiers poulains naissent généralement en début d’année, avec un pic entre février et avril.

Cette année nous avons déjà vu naître deux poulains, dont celui de la jument Dune Rouge (ici en photo). Depuis l’existence du Haras du Lion, nous avons vu naître plusieurs centaines de poulains.
En quoi le Haras du Lion joue-t-il un rôle clé dans l’accompagnement des éleveurs et propriétaires, et quelles innovations avez-vous mises en place ?
Notre rôle est similaire à celui des Haras Nationaux autrefois : proposer des services de reproduction de qualité à des tarifs accessibles. Nous mettons un point d’honneur à offrir un accueil irréprochable, tant pour les chevaux que pour leurs propriétaires, avec pour objectif de concilier génétique de haut niveau et accessibilité. Pour améliorer encore notre fonctionnement, nous avons par exemple intégré un système de surveillance innovant pour les poulinages. Un capteur fixé sur la queue de la jument envoie un signal directement sur nos téléphones lorsqu’elle commence à mettre bas, ce qui nous permet d’intervenir rapidement. Cela vient compléter l’usage des caméras de surveillance pour être encore plus réactifs.
Avez-vous une anecdote marquante à partager sur votre expérience au Haras du Lion ?
Ce qui me fait vibrer, c’est surtout d’assister à une naissance, de voir les propriétaires émerveillés en découvrant leur poulain. Ce sont ces instants qui rendent encore plus ce métier unique à chaque fois. Quand les clients viennent et qu’ils ont gagné une course, ou qu’ils voient leur poulain pour la première fois, on passe toujours un moment marquant, convivial et de partage. C’est une grande fierté de voir le fruit de notre travail aboutir à une victoire ou à une naissance réussie. Ces instants renforcent les liens avec les éleveurs et propriétaires, et rappellent pourquoi nous faisons ce métier avec autant d’engagement.
Vous êtes aussi un acteur des grands événements organisés ici. En quoi ces rendez-vous sont-ils importants pour vous ?
Le Mondial du Lion et le Salon des Étalons sont des moments clés. Le Mondial du Lion a toujours été un moment fort pour moi. J’ai passé 10 à 15 ans sur ses pistes et j’en garde d’excellents souvenirs. Ces événements rassemblent les professionnels de la filière et permettent de prendre le pouls du secteur en fin et début d’année.
Si vous deviez résumer votre métier en trois mots… sans utiliser ‘cheval’ ?
Passion, disponibilité, courage. Ce métier demande un engagement total. Il faut être prêt à se lever à n’importe quelle heure pour gérer un poulinage ou une urgence. C’est un métier intense, où il faut être capable de jongler entre les soins aux chevaux, la gestion des équipes et les imprévus. Certains jours, il faut gérer plusieurs poulinages dans la nuit, d’autres, s’occuper d’un cheval malade tout en organisant les saillies. Les week-ends et les jours fériés ne sont pas synonymes de repos : on peut être appelé à tout moment. Mais quand on aime ce métier, on ne compte pas les heures.
Avez-vous un rituel ou un moment que vous préférez au haras ?
Le dimanche matin est un moment particulier. Tout est plus calme, et j’apprécie de soigner les chevaux en prenant mon temps. La sérénité du parc permet de travailler dans des conditions exceptionnelles. Ici, on n’a pas l’impression de travailler ! L’environnement naturel et paisible apporte une atmosphère unique, où chaque tâche peut être effectuée avec attention et précision. Cette quiétude favorise aussi une meilleure relation avec les chevaux, qui ressentent cette tranquillité et y répondent positivement.
Y a-t-il un cheval au haras qui vous a marqué par sa personnalité vraiment unique ?
Balko m’a particulièrement marqué. J’ai commencé la monte des pur-sang avec lui en 2012, à Issé, près de Châteaubriant. C’était un cheval exceptionnel, le meilleur qu’on ait eu ici au Lion. J’ai passé énormément de temps avec lui, et il avait une gentillesse rare. Toujours calme, il avait une intelligence et une sensibilité qui le rendaient unique.
Avec plus d’une décennie de reproduction équine et une équipe engagée, le Haras du Lion continue d’écrire son histoire tout en s’adaptant aux défis modernes. Merci à Damien Souchet pour cet échange passionnant et pour nous avoir ouvert les portes de ce lieu emblématique du Lion-D’angers. Bon courage à toute l’équipe pour cette nouvelle saison, et bienvenue aux champions de demain !